Manifestations à Los Angeles, 19 juin (2025)

Jackson Aquino

Summary: French version of article published here; first translated in Entre les lignes entre les mots here: — Editors

Les formes de résistance ont varié, évolué et s’adapté, mais le fond reste le même : Los Angeles est confrontée, de manière urgente, à une crise d’identité : à qui appartient cette ville ? L’État affiche clairement ses intentions, avec une occupation violente et écrasante menée par des soldats masqués conduisant des véhicules banalisés. Le brouhaha animé de l’espace urbain s’est désormais transformé en murmures, cachés derrière des portes closes et à l’abri des regards. Le cœur du centre-ville apparaît désormais comme une chambre vide, résultat répugnant de l’activité parasitaire et sanguinaire de l’ICE, qui vole les personnes qui donnent vie à la ville. La ville imaginée par l’État n’est qu’un véhicule pour la reproduction du capital, aseptisée et dépourvue de tout mouvement, à l’exception de l’agitation programmée des heures de pointe, où le chaos est organisé, géré et efficace. C’est une mise au rebut du genre humain.

Pourtant, notre humanité persiste et, face à une répression aussi explicite, elle se réaffirme. Simultanément, alors que les rues de Los Angeles sont étrangement vides, elles n’ont jamais été aussi pleines. Depuis le tout premier moment où l’ICE a été repéré jusqu’au jour où j’écris ces lignes, des protestations et des activités de lutte cont eu du mal à s’organiser en résistance. Des conflits ouverts avec les forces anti-émeutes aux réseaux d’entraide distribuant des informations et des denrées alimentaires, les liens communautaires qui ont été récemment mis à l’épreuve par les incendies de forêt redoublent de force. Même si l’on craint que les manifestations plus démocratiques organisées le 14 dans le cadre du No Kings Day étouffent et intégrent l’énergie radicale, la résistance contre l’ICE continue de devenir plus proactive, se rapprochant de celle de l’auto-défense.

XXXXXLa résistance, tout simplement, signifie laisser l’État fixer l’ordre du jour. L’autodéfense en revanche, repose sur une temporalité et un ensemble de priorités générées par la communauté locale en devenir (Ross, 2024).

Les récits tissés autour de la nature de cette nouvelle activité à Los Angeles ont pris une ampleur propre dans de multiples directions : en dehors de la ville, il semble que la folie se soit emparée des masses et qu’aucun endroit ne soit sûr. Dans un sens, c’est la réalité : l’inaction continue causera la mort de Los Angeles telle que nous la connaissons, personne n’est en sécurité tant que des voisin·es, des ami·es, des membres de la famille et n’importe qui d’autre sont en danger. C’est peut-être la folle ou le fou qui, face à une répression aussi absolue, continue de rêver d’un avenir meilleur. En ce sens aussi, une « folie » s’est emparée des masses ; à l’intérieur de la ville, il y a une clarté d’intention et une force de volonté qui endurcissent le cœur des Angelinas/Angelinos. Au sein des manifestations, j’entends résonner l’idée que nous ferons tout ce qui est nécessaire pour assurer la sécurité de notre communauté, peu importe l’image que cela renvoie, peu importe le soutien ou la condamnation : Los Angeles sera une ville pour ses habitant·es.

 

Ross, K. (2024). The Commune Form: The Transformation of Everyday Life. Verso.

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