Israël reprend sa campagne génocidaire à Gaza

Kevin B. Anderson

Summary: French version of article published here. First appeared in Entre les lignes entre les mots, Futuricide en cours (et autres textes)here

Le nombre de mort·es dépasse les 50 000 et la répression s’intensifie contre le mouvement de solidarité

Après sept semaines de cessez-le-feu, Israël a soudainement repris sa campagne de bombardements génocidaires le 18 mars. Lors d’attaques aériennes surprises au milieu de la nuit, il a tué au moins 400 Palestinien·nes. Dans les jours qui ont suivi, le bilan officiel des mort·es palestinien·nes depuis octobre 2023 a atteint 50 000, le chiffre réel étant certainement beaucoup plus élevé. Les libérations d’otages par le Hamas et les libérations réciproques de prisonnier·es palestinien·nes par Israël ont alors été interrompues, scellant probablement le sort des quelques dizaines d’otages israélien·nes encore en vie et condamnant des dizaines de milliers d’autres à Gaza.

Tout cela se produit dans le contexte de la déclaration du fasciste Donald Trump selon laquelle la population de Gaza devrait faire l’objet d’un nettoyage ethnique et être déplacée vers d’autres pays. Non seulement le premier ministre réactionnaire israélien Benjamin Netanyahu a approuvé ce qu’il a appelé la « vision audacieuse » de Trump, mais comme l’a raconté le célèbre écrivain israélien Dror Mishani, « la grande majorité [des Israélien·nes] pense que le déplacement de la population palestinienne de Gaza est une bonne idée », « à un moment où elle est devenu une société obsédée par la vengeance » (Dror Mishani, « Le traumatisme de 7-Octobre a fait d’Israël une société obsédée par la vengeance », interview par Raphäelle Rérolle, Le Monde 3/22/25).

Le plan de Trump n’est pas un simple excès verbal. Le régime israélien a commencé à le planifier et les fonctionnaires de Trump ont récemment approché le Soudan, la Somalie et le Somaliland comme destinations pour la population de Gaza, le Soudan ayant au moins rejeté la proposition, comme l’avaient fait auparavant l’Égypte et la Jordanie (Jason Burke et Mark Townshend, « Sudan rejects US request to discuss taking in Palestinians under Trump’s Gaza plan », Guardian 3/14/25).

Au milieu de tout cela, il ne faut pas oublier l’escalade du carnage en Cisjordanie. Même pendant le cessez-le-feu, Israël a fortement accru sa répression et son nettoyage ethnique, tuant plus de 800 personnes depuis le 7 octobre 2023, mais en chassant aussi des dizaines de milliers de personnes de leurs terres. Des communautés entières ont été soumises à la terreur, n’épargnant même pas Hamdan Ballal, l’un des lauréats d’un Oscar pour le documentaire « No Other Land », qui a été brutalement battu par des colons juifs fanatiques, puis brièvement emprisonné par l’armée d’occupation israélienne.

Malgré le quasi-effondrement du soi-disant axe de résistance iranien à l’automne dernier, un « axe » qui a toujours été principalement axé sur les objectifs sub-impérialistes de l’Iran, et malgré l’assaut des fascistes trumpistes contre la liberté d’expression et la liberté académique aux États-Unis, les manifestations pro-palestiniennes se sont poursuivies. Des étudiant·es et des professeur·es assiégé·es ont protesté contre le renouvellement par Israël de sa guerre génocidaire et contre les mesures de déportation illégales de Trump contre les militant·es étudiant·es, ainsi que contre la capitulation de leurs universités, voire leur complicité pure et simple, dans la répression. Aux États-Unis en particulier, des accusations d’antisémitisme largement fallacieuses ont été utilisées comme arme de répression, un processus intensifié par l’administration Trump contre les universités, mais souvent avec le soutien passif, voire pire, des libéraux centristes. Ici, l’Université Columbia se distingue comme un monument de honte, ses administrateurs/administratrices ayant jeté aux loups trumpistes à la fois ses étudiant·es et le département académique des études moyen-orientales, sud-asiatiques et africaines.

Dans le monde entier, les actions de soutien à la Palestine ont été plus importantes et plus fortes. Au Royaume-Uni, plus de 100 000 personnes se sont rassemblées en février pour protester contre l’appel de Trump au nettoyage ethnique de la population de Gaza. Des pays plus petits comme l’Irlande et l’Afrique du Sud n’ont pas faibli dans leur soutien à la poursuite d’Israël pour génocide devant la Cour pénale internationale, tandis que le Mexique vient d’accueillir pour la première fois un ambassadeur palestinien.

Surtout, l’ascension du fascisme trumpiste dans ce qui reste la plus grande puissance militaire et économique du monde et ses sales accords avec la Russie pour la redivision du monde ont mis les luttes pour la libération humaine sur la défensive partout. Une nouvelle génération de radicaux et de révolutionnaires dans le monde entier, née de la lutte contre le génocide israélien soutenu par les États-Unis et façonnée par d’autres luttes telles que le Mouvement pour les vies noires, le deuxième printemps arabe et les poussées ouvrières dans de nombreux pays, est mise à l’épreuve comme jamais auparavant.

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